vendredi 2 novembre 2007

Il rêvait d’être médecin militaire, il finira dans la finance


Enfant, il découvre le Maroc au gré des nominations de son père : mobilité et capacité d’adaptation sont ses bottes secrètes.

Lauréat de l’ESC Toulouse, il décline les offres d’IBM et Procter & Gamble pour rentrer au Maroc.

Recruté par hasard au Crédit du Maroc, il y fera une belle carrière avant de rejoindre la multinationale Mediaco

. Le regard pétillant, l’esprit alerte, le verbe haut, Khalid M’Hammedi quitte rarement son interlocuteur des yeux. Une propension à dominer ? Peut-être bien car l’homme ne nie pas être un tantinet manipulateur. Mais, corrige-t-il, «je revendique pleinement mon côté un peu prestidigitateur dans le sens positif du terme. Cela dit, je ne considère jamais les autres comme des pions ou des instruments, mais plutôt comme une richesse qui a du mal à se livrer et à se déployer et j’estime que c’est un bon deal que d’être le bon génie qui va permettre aux autres de donner le meilleur d’eux-mêmes». Une telle démarche, pour Khalid M’Hammedi, commence par la capacité de mettre en confiance les personnes avec qui il travaille, lorsqu’il s’agit d’affaires, ou tout simplement les interlocuteurs dans le cadre de ses relations, en général. Le fait d’être un haut responsable de multinationale ne doit pas être étranger à son agilité d’esprit comme à son côté cosmopolite.Né à Fès en 1970, ce jeune cadre de haut vol est le cadet d’une famille de cinq garçons. Son père est fonctionnaire au ministère de l’intérieur et sa mère professeur d’histoire/géographie. Il se rappelle avoir fait le tour du Maroc au gré des nominations de son père au rythme d’un changement de ville une fois tous les trois ans. Il se rappelle aussi qu’il s’était fait, très tôt, à l’idée qu’il ne fallait pas trop s’attacher à ses amis et qu’il fallait s’en faire de nouveaux à chaque déplacement de la famille à travers le pays. C’est ainsi qu’il développa une capacité d’adaptation hors pair. Si bien qu’après avoir d’abord usé ses fonds de culotte sur les bancs de l’école à Fès, c’est à Khémisset qu’il obtient son Bac sciences maths, après avoir étudié à Tétouan ou encore à Nador et Agadir.Avant de découvrir les mathématiques comme tous ses frères, il s’est délecté de bandes dessinées dans toutes sortes de formats. C’est cela, dit-il, qui lui a permis de maîtriser la langue française, clé de voûte pour entrer dans la société du savoir. Sa chance fut aussi que son père était en mesure de financer ses études. Peut-être pas celles dont il avait rêvé étant petit. Partagé entre une carrière militaire et la médecine, il se disait qu’il allait devenir... médecin militaire. Mais son père l’en dissuadera, lui conseillant de suivre une autre carrière où il pourrait davantage s’épanouir et se valoriser.Le jeune Khalid suivra ses conseils. Il fera alors ses classes prépas à Toulouse, entre 1987 et 1989. Et comme il ne veut pas changer de ville, il s’inscrit à l’Ecole supérieure de commerce (ESC), la cinquième grande école de commerce de l’Hexagone. Sa première rencontre avec une multinationale date de son stage chez Apple où il a peaufiné un mémoire sur «La vente des ordinateurs aux étudiants».Il avait rendez-vous à la SGMB, il entrera par erreur au Crédit du MarocC’est alors qu’il reçoit des propositions d’IBM et de Procter & Gamble pour aller s’installer dans des pays du golfe. Il préfère, une fois ses études achevées en 1993, retourner au pays pour y tenter sa chance. Et sa carrière débutera par un coup de hasard des plus anecdotiques. Alors qu’il était invité à passer au bureau du DRH de la Société générale, il se trompe d’un pâté de maisons et se retrouve dans l’immeuble du Crédit du Maroc. Entré par erreur chez le DRH du CDM, il en ressortira avec une proposition ferme. Et finalement, c’est à ce moment-là qu’il va entrer dans la vie active. Après l’année de stage d’usage, il est appelé à assurer la gestion d’une agence de la banque à Tétouan. Il y fait ses preuves, si bien qu’au bout de deux ans seulement on lui fera une belle offre : mettre sur pied un département dédié aux SICAV. Une période, dit-il, où il a pu parfaire sa maîtrise en matière de placement. Il restera à ce poste de 1996 à 2000.Tenté de quitter la banque pour «aller voir ailleurs», une deuxième chance va se présenter à lui. Au moment où les banques faisaient leur mue, le Crédit du Maroc lui offre l’opportunité de diriger, à Rabat, le centre d’affaires qui prend en charge une bonne centaine d’entreprises des villes de Rabat, Kénitra, Salé, Skhirat, Témara. Lui qui pensait devoir changer de secteur sous peine de voir ses réflexes s’émousser devra encore patienter, car une autre offre de sa banque allait calmer ses ardeurs. Une double mission lui sera confiée : diriger le centre d’affaires de Tanger et développer la banque internationale du Crédit du Maroc dans la région du nord, essentiellement dans la zone franche. Là encore, il fait ses preuves puisque le chiffre d’affaires va passer de 4 à 14 MDH.Puis arrive LA rencontre qui va faire prendre à sa carrière un tour inattendu. Un jour, en 2005, le PDG exécutif de Mediaco, filiale d’une multinationale française spécialisée dans le levage et le matériel de manutention et de transport, viendra le voir pour régler un problème de caution bancaire. La société venait de décrocher un marché au port Tanger-Med. Khalid M’Hammedi se démènera et fera plus que l’accompagner. Il conseille le patron de Mediaco pour l’introduction de la société en Bourse et le fera bénéficier de son carnet d’adresses. Au fil des mois, les deux hommes se lieront d’amitié et le patron de Mediaco finira, en 2006, par recruter le banquier comme directeur du développement financier à l’international. Khalid M’Hammedi explique que l’activité de la multinationale ne fait que commencer : «Avec les grands chantiers qui s’ouvrent dans les pays émergents comme le Maroc, le potentiel va aller en s’accélérant et Tanger en est un des plus beaux exemples, affirme-t-il. Actuellement, nous déployons 70 grues et 230 camions de différents tonnages pour une valeur de près de 400 MDH. Nous travaillons aussi bien au Maroc qu’en Algérie ou en Mauritanie et nous dimensionnons notre flotte en fonction des besoins grandissants de la région».


La Vie Eco du 19/10/2007

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