Euphoriques, les responsables de Risma le sont. Et pour cause, l'OPV du fonds d'investissement du groupe Accor a été sursouscrite 24 fois par 15.683 demandeurs. L'opération a drainé 6,12 milliards de Dhs pour une offre de 250 millions de Dhs. Un engouement qui s'est traduit par un taux de satisfaction global de 4,09% seulement. Le total des actions attribuées est ressorti in fine à 1.041.666 pour une demande supérieure à 25 millions de titres. Le succès de cette OPV, les analystes le mettent sur le compte de la flambée des cours de la place de Casablanca depuis le début de cette année. Ils tablent également sur le regain de confiance des particuliers et « leur conviction par rapport aux potentialités des activités touristiques », comme l'a expliqué Jean-Robert Reznik, président du directoire de Risma. Les premières cotations ne démentent pas le succès de l'introduction. Son cours s'est inscrit au-delà de 310 Dhs dès le troisième jour.Manque de papier ? « Le flottant des sociétés de la cote n'est pas assez important si on le met en corrélation avec la taille des fonds d'investissements », explique un analyste de la place. La demande en papier frais des OPCVM marocains, dont le nombre dépasse 150 pour un total d'actifs sous gestion de plus de 100 milliards de Dhs, est trop forte. Ce qui explique le rush sur toutes les nouvelles introductions. Si l'étroitesse du marché (55 sociétés cotées seulement), explique en partie la flambée des cours, l'introduction de Risma et les autres OPV pressenties avant fin 2006 sont-elles en mesure de calmer le jeu et éviter un éventuel crash ? Rien n'est moins sûr, répond un trader. « Les niveaux de hausse sont tels qu'une correction serait salutaire à la place de Casablanca, la bulle spéculative est bien présente ». Un autre trader abonde dans le même sens : « le marché devient trop cher », estime-t-il. Ajoutant qu'un rééquilibrage de la part des autorités de tutelle serait le bienvenu. « Pour que le mécanisme des introductions puisse vraiment jouer, il faudrait des OPV de la taille de Maroc Telecom pour absorber les liquidités », poursuit-il. Un avis qui n'est pas partagé dans le milieu financier, « les introductions futures, même de petite taille, permettront aux investisseurs de faire des arbitrages », indique-t-on du côté de BMCE Capital.
OPV dans le pipe L'introduction de Risma, combinée à d'autres OPV prévues avant fin 2006, devrait refroidir les ardeurs. De nouvelles introductions sont en effet dans le pipe. Médiaco Maroc, première à franchir le pas, vient de recevoir l'aval du gendarme du marché. Très discret, ce groupe (ex-Maroc Métaux) s'est fait, depuis sa création en 1948, une place de choix sur le marché du levage dont il est le leader national. Son rachat par le groupe Médiaco, en juillet 2000, lui a donné un second souffle. Maroc Métaux, en difficulté lors de notre arrivée, réalisait un chiffre d'affaires annuel de 20 millions de dirhams et employait 200 salariés. Actuellement la société réalise un chiffres d'affaire de 120 millions de dirhams en 2005 (170 MDhs prévus pour 2006) et dégage un cash-flow de 20 millions de dirhams (4 millions de dirhams de résultat net après impôts). Son activité consiste à réaliser des opérations de levage, de grutage et de transport sur des chantiers d'infrastructures de différentes tailles. La société dispose pour cela d'un parc de 50 grues télescopiques de 20 à 400 tonnes ainsi que 200 camions-bennes et semi-remorques. Le groupe est aussi présent dans la location de matériel industriel et BTP et la vente des accessoires de levage. Il opère également dans l'industrie mécanique via sa filiale Carmona. « Nous sommes présents dans l'ensemble des grands projets d'infrastructures au Maroc », indique Nicolas Mayet, directeur général Afrique du Nord de Médiaco. Citant Tanger Med, la nouvelle raffinerie de Samir et la cimenterie de Holcim à Settat. Des chantiers de grande ampleur et qui demandent des investissements de taille. « D'ailleurs, depuis sa création, Médiaco Maroc a déployé 100 millions de Dhs pour l'achat d'équipements. La moitié de ces fonds a été déboursée entre 2004 et 2005. Par ailleurs, le groupe a programmé un plan d'investissements portant sur 150 millions de Dhs entre 2006 et 2009 », explique Nicolas Mayet. L'entreprise prévoit de lever 17,3 millions de Dhs en Bourse pour augmenter son capital de 20%. « Cette opération semble se faire au meilleur moment. J'espère que nous ferons des émules auprès d'autres PME », ajoute M.Mayet.Des grues et des olivesL'opération, coordonnée par Finergy, portera sur 35.000 actions au prix unitaire de 495 Dhs. Ces titres seront cotés au troisième compartiment de la Bourse. La période de souscription s'étale entre les 29 et 31 mai. Autre entreprise dont les modalités d'introduction devraient être annoncées prochainement : Cartier Saada, qui intervient dans l'agroalimentaire. Elle produit des conserves d'olives, d'abricots, de pulpe d'abricot et de pulpe d'agrumes. Sa production est totalement destinée à l'exportation. Pour cette petite entreprise créée également en 1948, l'introduction en Bourse représente un saut qualitatif, un atout de plus dans sa nouvelle phase de développement. L'entreprise qui a initié une démarche qualité, couvrant toutes les opérations de production, jusqu'à la présentation sur le point de vente, est certifiée ISO 9001 version 2000. Si le CDVM a déjà accordé son visa, dans la même semaine, à deux PME\PMI, d'autres sociétés ont déjà confirmé leur intention de s'introduire avant fin 2006. C'est notamment le cas du chimiste Snep, du groupe Chaâbi, ou encore des conserveries de Mèknès. La place verra probablement l'entrée en scène des deux filiales assurance du groupe Holmarcom, Atlanta et Sanad. Le salut de la place de Casablanca, toujours aussi déconnectée de la réalité économique marocaine, viendra-t-il de ces PME/PMI qui constituent justement plus de 90% de l'ossature de cette économie ? Les introductions futures même de petite taille permettront aux investisseurs de faire des arbitrages.
Le Journal Hebdo